Interdiction des armes à feu : une bataille perdue d’avance pour Joe Biden ?

Interdiction des armes à feu : une bataille perdue d’avance pour Joe Biden ?

5 juin 2022 0 Par La Rédac

 

Les Etats Unis ont enregistré, ces deux dernières semaines, trois fusillades ayant occasionné la mort d’une trentaine de personnes. Ces évènements ont suscité un choc dans tout le pays, remettant sur la table la question des armes à feu. Se disant plus que peiné par ces massacres, le président américain Joe Biden a demandé au Congrès d’interdire la vente de fusils d’assaut aux particuliers. Mais cela ne risque pas d’arriver si tôt.

Ces dernières semaines, les Etats Unis ont connu trois fusillades qui ont ébranlé tout le pays. La première, soldée par 13 morts, a eu lieu le 14 mai dans un magasin de Buffalo (New York). Elle a été commise par un jeune suprématiste blanc de 18 ans, qui reprochait à la ville sa forte population noire. La seconde s’est déroulée dix jours plus tard, le 24 mai, à Uvalde (Texas). Un jeune homme de 18 ans, là encore, s’est introduit dans une école primaire pour abattre 19 enfants et 2 adultes. Enfin, le troisième massacre s’est déroulé le jeudi 2 juin dernier. Un homme a tué par balles deux femmes dans l’aire de stationnement d’une église de la ville d’Ames (Iowa).

Joe Biden exaspéré par les tueries de masse

Tous ces drames ont exhumé le vieux débat sur le port des armes à feu aux Etats Unis. Des manifestations ont eu lieu devant le Congrès américain et dans plusieurs villes pour mettre fin à ce droit. Le président américain Joe Biden est lui aussi monté au créneau pour crier sa rage contre les lobbys et les sénateurs. « Combien d’autres carnages sommes-nous disposés à accepter ? Quand, pour l’amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ? », a-t-il interrogé, dépité, après la tuerie d’Uvalde. L’actuel locataire de la Maison Blanche a notamment dans son viseur la puissante NRA (National Rifle Association of America), qui protège le droit de posséder et de porter des armes au pays de l’Oncle Sam.

La position des républicains inadmissible

Jeudi dernier, Joe Biden est revenu sur le sujet pour exhorter le Congrès à prendre un certain nombre de mesures urgentes afin de stopper l’hémorragie. Il demande en particulier l’interdiction des fusils d’assaut, le renforcement des vérifications pour l’obtention d’armes à feu et la mise en place de contrôle plus stricts. Le président américain a aussi attaqué les élus républicains, qu’il accuse de bloquer les reformes sur les armes. Il qualifie leur opposition de complètement « inadmissible »

D’après une enquête d’opinion, une majorité d’Américains se dit pourtant favorable à des lois plus dures en matière de contrôle des armes à feu. Le problème se situe donc au niveau du Congrès, où il existe une véritable bipolarisation des opinions. Les sénateurs ne sont pas prêts de céder du pouvoir aux démocrates. Ils disent d’ailleurs défendre les intérêts de leurs électeurs, qui souhaitent se protéger, protéger leurs biens, leurs familles et leur société en cas d’agression extérieure ou d’autocratie.

Une révolution mentale attendue

Sans leur aval, la reforme sur les armes n’aura jamais lieu. Car il faut avoir une majorité de 60 sénateurs sur 100 pour passer des lois au niveau fédéral. C’est une mission quasi-impossible au regard de la composition actuelle du Congrès. Par ailleurs, l’administration Biden ne pourra pas obtenir l’abrogation ou même la modification du second amendement de la Constitution américaine qui consacre le droit du port d’arme pour tout citoyen américain.

La solution viendra donc de la population, que Joe Biden appelle à se mobiliser massivement à l’approche des élections de midtermes (en novembre). En effet, il faudrait une véritable révolution mentale chez les Américains pour bouger les lignes. Chaque citoyen doit s’interroger sur son rapport à la violence. Or, les Etats Unis sont nés et évoluent dans les conflits, comme un moteur nécessaire à leur évolution. Les Américains sont ainsi profondément attachés aux armes. Par conséquent, Joe Biden ne devrait rien obtenir sur cette question, comme Barack Obama, il y a plus de 14 ans.