Europe : les jouets toxiques bientôt au rebut

Europe : les jouets toxiques bientôt au rebut

13 avril 2025 0 Par La rédaction

Bruxelles met fin à l’entrée sur son territoire d’articles ludiques contenant des substances nocives par une nouvelle réglementation qui entrera en vigueur en 2029.

Le 10 avril, le Parlement et le Conseil européens ont scellé un accord destiné à éliminer définitivement les substances chimiques dangereuses des jouets vendus sur le territoire européen d’ici 2029, année de l’entrée en vigueur de la nouvelle norme.

Celle-ci interdit dans les jouets l’utilisation de perturbateurs endocriniens, de bisphénols (utilisés notamment dans la fabrication des plastiques et des résines), et de substances perfluoroalkyles et polyfluoroalkyles ou PFAS (encore appelées “polluants éternels” pour leur nature persistante dans l’environnement).

Tous les accessoires de jeu devront être munis d’un passeport numérique – sous la forme d’un QR code par exemple – contenant des informations sur le produit et sa conformité. Ce document numérique permettra ainsi aux autorités des frontières de l’Union européenne (UE) de surveiller les jouets importés.

Un pari pour Bruxelles face à une industrie qui, jusqu’à présent, bénéficiait d’une réglementation datant de 2009 – la Directive 2009/48/CE – désormais obsolète au regard des enjeux sanitaires actuels. Surtout, cette directive n’a jamais semblé en mesure de résoudre la problématique.

Un marché gangrené par la non-conformité

Plusieurs chiffres illustrent cette situation contre laquelle les organisations de la société civile se sont plusieurs fois élevées. Selon une étude de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) réalisée en décembre 2023 et citée par Le Monde, près d’un quart (23%) des jouets analysés contenaient des concentrations excessives de substances dangereuses.

Cette proportion grimpe à 56% pour les jouets électriques. Sur 102 jouets achetés en octobre 2024 sur Amazon, Wish, Shein, AliExpress et Temu, 86% ne respectaient pas les normes européennes en vigueur.

Un test similaire effectué sur Temu en février 2024 a révélé que 95% des 19 jouets achetés présentaient un danger pour les enfants et n’auraient jamais dû être commercialisés dans l’UE.

Pascal Canfin, député européen Renew souligne, toujours dans les colonnes du journal français, que “les produits les plus problématiques sont ceux destinés à être en contact prolongé avec la peau comme les jouets de bain ou certaines poupées, qui génèrent des émanations respirables ou qui peuvent être mis dans la bouche”.

Compromis entre santé publique et réalité industrielle

« Comment justifier que l’Europe a déjà interdit le bisphénol A et les PFAS dans les emballages alimentaires, mais qu’elle accepte que ces substances soient présentes dans des jouets que les enfants portent à la bouche ? », se demande-t-il, relevant l’absurdité de la situation.

Si le Parlement européen souhaitait initialement une période d’adaptation de deux ans, le délai de quatre ans et demi finalement accordé aux industriels pour se conformer aux nouvelles règles représente néanmoins une avancée significative.

« Il était franchement temps de prendre en compte les graves impacts potentiels sur la santé des mélanges chimiques auxquels les enfants et leurs familles sont exposés », se réjouit Sandra Jen, responsable du programme sur les impacts sanitaires de la chimie au sein de la coalition Health and Environment Alliance (HEAL), qui regroupe 80 associations et ONG européennes.