France : quand l’autoroute devient source d’énergie

France : quand l’autoroute devient source d’énergie

4 mai 2025 0 Par La rédaction

Une nouvelle technologie destinée à transformer l’Autoroute 10 en grande station de recharge pour véhicules électriques et poids lourds est en cours d’installation. De quoi rendre ces véhicules plus pratiques et plus écologiques, surtout pour les longs trajets.

Un exemple de l’autoroute de demain est peut-être d’ores et déjà en cours de développement sur l’Autoroute 10 (A10). Sur cette importante voie de communication reliant Paris à Bordeaux se déroule depuis peu une expérimentation digne des films de science-fiction.

En l’occurrence, la transformation du bitume en une source d’énergie pour les véhicules électriques et poids lourds. L’initiative conduite par Vinci Autoroutes s’inscrit dans une stratégie nationale ambitieuse visant à décarboner le secteur du transport routier.

À cet effet, les gros porteurs représentent 23% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur et 6% des rejets totaux de la France, d’après une étude publiée en 2023 par le ministère de l’Écologie.

Le projet en cours d’expérimentation sur près de deux kilomètres de l’A10, et grâce à une enveloppe de 26 millions d’euros mobilisée en grande partie par la banque d’investissement Bpifrance, doit permettre aux véhicules cibles de se recharger en continu pendant leur trajet autoroutier, sans jamais avoir à s’arrêter aux bornes de recharge.

Résoudre l’équation de la transition électrique

Le principe de cette technologie par induction, comme décrit par Les Échos, est comparable à celui des plaques de cuisson modernes. Ainsi, des bobines de cuivre mesurant 1,30 m sur 80 cm sont installées sous la chaussée et alimentées par des armoires électriques enterrées tous les deux kilomètres.

Ces bobines émettent un champ électromagnétique capté par des récepteurs installés sous les véhicules équipés, permettant à ceux-ci de s’alimenter en énergie électrique. L’avantage majeur de ce système réside dans sa capacité à réduire considérablement la taille des batteries embarquées.

L’objectif est qu’un poids lourd n’ait pas besoin de se recharger sur des bornes lorsqu’il est sur l’autoroute et que sa batterie soit pleine en la quittant, avec une autonomie suffisante pour atteindre sa destination“, indique Pierre Delaigue, directeur des projets de mobilité autonome, connectée et électrique chez Vinci, dans Les Échos.

Cette innovation pourrait diviser par deux la taille des batteries nécessaires, réduisant ainsi leur coût et leur impact environnemental, avec un bilan carbone amélioré de 25 à 30% en cas d’équipement de tout le réseau autoroutier.

Les défis d’une généralisation à grande échelle

Selon une analyse réalisée par Vinci en partenariat avec le cabinet Carbone 4 et rapporté dans le journal, le système permettrait d’économiser de nombreux métaux comparativement à l’approche classique reposant sur de grandes batteries et des bornes de recharge rapide.

Mais avec un coût estimé à 4 millions d’euros par kilomètre d’autoroute équipé dans les deux sens, l’investissement est conséquent, bien qu’il reste inférieur au coût total d’une portion neuve d’autoroute.

Si cela est plus cher que l’installation de bornes de recharge, le système à induction devient en réalité moins coûteux si l’on intègre également la réduction du prix des poids lourds électriques grâce à la diminution de la taille des batteries”, relève Pierre Delaigue.

De fait, plusieurs questions subsistent quant au financement du système et à l’adhésion des constructeurs automobiles ciblés. D’autant que les bobines réceptrices ont également un coût. À en croire Les Échos, l’issue de l’expérimentation en cours, attendue pour septembre 2026, va conditionner le déploiement du dispositif sur 9 000 kilomètres d’autoroutes françaises.