L’héritage empoisonné des calanques marseillaises

L’héritage empoisonné des calanques marseillaises

18 mai 2025 0 Par La rédaction

Cet ensemble de fjords côtiers, véritables trésors naturels, porte les cicatrices invisibles d’intenses activités industrielles passées. Un lifting colossal à 100 millions d’euros s’impose désormais pour leur redonner leur splendeur d’antan.

Cinq mois après la décision de justice enjoignant à l’État de dépolluer les calanques de Marseille, on en sait davantage sur le montant de cette opération. Selon l’estimation du quotidien Les Échos, relayant les propos de l’avocat des riverains, Florent Tizot, il faudra au minimum 100 millions d’euros pour le nettoyage de cet ensemble de 77 dépôts toxiques s’étendant sur 29 hectares.

À cet effet, une vingtaine de sites jugés plus accessibles, mais dont « les concentrations en métaux présentent un risque élevé d’exposition et de transfert de pollution », ont été identifiés par l’Agence de la transition écologique (Ademe) pour une première phase de travaux.

Celle-ci devrait débuter en septembre prochain et s’étaler sur sept mois, avant qu’une seconde phase ne soit lancée l’année suivante. Coût de cette opération initiale : 14 millions d’euros, selon l’Ademe.

Si cette première facture devrait être réglée conjointement par l’État, le département des Bouches-du-Rhône et la métropole Aix-Marseille-Provence, la question du financement pour les dépôts restants de cette opération d’envergure demeure entière.

Le privé comme voie de salut ?

Dans un contexte de déficit budgétaire croissant et face à une échéance qui se rapproche inexorablement – toute la dépollution doit avoir été effectuée d’ici fin juin 2028 –, il s’agit là d’une véritable problématique. D’autant que les anciens exploitants industriels ne peuvent plus être tenus pour responsables.

La seule voie de salut reste le secteur privé, à l’instar du fonds suisse Ginkgo dont les 15 millions d’euros investis pour l’acquisition des huit hectares de la friche industrielle de Legré-Mante (dernière usine fermée en 2009) en 2017 le contraignent à nettoyer la zone avant toute revalorisation.

Encore faudrait-il disposer des marges de manœuvre nécessaires, car le spécialiste de la gestion immobilière a vu son permis annulé en juillet 2024 par le tribunal administratif de Marseille suite à une plainte des riverains.

Un défi technique induit par une pollution exacerbée

L’ampleur de la dépollution reflète le désastre écologique qu’ont subi les calanques à une époque où l’industrialisation effrénée ne tenait pas compte des impacts environnementaux.

Ces joyaux de la nature, où s’affairaient pas moins de 40 000 ouvriers au plus fort d’une activité industrielle florissante, ont été témoins de la production de plomb, de soude, de soufre, d’acides, d’argent ou encore de verre, comme le relève Roland Dadena, président de l’Association Santé Littoral Sud (ASLS), dans Les Échos.

On y raffinait même du pétrole au col de Sormiou, d’après le quotidien. Les contraintes techniques liées à la dépollution concernent la méthode à utiliser. En effet, si l’excavation et l’évacuation sont envisagées, elles ne sont pas exemptes de risques, notamment pour les espèces protégées.