
France : l’état alarmant du plastique dans les sols
25 mai 2025Une nouvelle étude française bouleverse les idées reçues sur la pollution plastique, révélant un phénomène à la fois pernicieux et jusqu’ici méconnu : la contamination des champs et terres agricoles par les plastiques dépasse désormais celle des océans.
Il est de notoriété publique de faire preuve de vigilance quant à sa consommation. La découverte de l’expertise collective menée par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et le CNRS incite cependant à davantage de précautions.
Car ce qui provient de la terre n’est pas aussi sain qu’on le voudrait. Au contraire, les produits alimentaires sont probablement déjà contaminés par la forte présence de la pollution plastique.
Les scientifiques révèlent en effet que la contamination des sols agricoles français par les microplastiques dépasse désormais celle des océans. De quoi remettre en question l’ensemble de notre système alimentaire.
Cette révélation résulte d’un travail de longue haleine ayant mobilisé sur plusieurs années, une trentaine de chercheurs français et européens autour de plus de 4 500 publications académiques.
Une pollution massive et à tous les niveaux
Le résultat de leurs recherches est sans appel : dans chaque kilogramme de terre agricole, on trouve environ 1 000 particules de plastique. À l’origine de cette pollution massive, des décennies d’adoption du plastique qui en ont fait l’outil de référence pour l’emballage des produits alimentaires par exemple.
Le phénomène est particulièrement marqué dans les secteurs agricole et agroalimentaire, qui consomment environ 20% des plastiques utilisés en France, soit plus de 1,5 million de tonnes par an. Un chiffre qui pourrait même être sous-estimé, selon Baptiste Monsaingeon, de l’université de Reims Champagne-Ardenne, l’un des scientifiques impliqués dans l’étude.
« L’accès à des données consolidées est très compliqué et nous avons souvent dû nous fonder sur les estimations des industriels, elles-mêmes très approximatives », indique-t-il au journal Le Monde.
Dans le domaine agricole, 73% des plastiques servent aux élevages bovins pour conserver les fourrages, un pourcentage bien supérieur à la moyenne européenne de 55%, selon les chercheurs.
Le recyclage, une solution contre-productive
Pire, cette dépendance ne cesse de s’accroître. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture prévoit ainsi une augmentation de 50% de l’usage agricole des plastiques d’ici 2030, passant de 6,1 à 9,5 millions de tonnes au niveau mondial.
« Leur omniprésence dans les écosystèmes continentaux, les organismes vivants et les êtres humains, ainsi que les impacts avérés à toutes les échelles, remettent en question la possibilité même de rendre soutenable l’usage des plastiques en agriculture et pour l’alimentation », alertent les auteurs de l’étude.
Un cri d’alarme d’autant plus inquiétant que le recyclage, souvent présenté par les industriels et les consommateurs comme une panacée, ne fait que retarder la vraie solution : la réduction à la source, voire l’abandon total du plastique. « Il faut déplastifier le marché de l’alimentation », recommande Baptiste Monsaingeon toujours dans Le Monde.