
France : Emmanuel Macron voit rouge… vert
9 juin 2025Le chef de l’État français dénonce les récents renoncements écologiques du pays, sans qu’on puisse déterminer si cette sortie relève de la conviction ou de l’opportunisme, à quelques jours de la conférence de l’ONU sur les océans organisée à Nice.
« C’est une erreur historique de céder aux facilités du moment et de détricoter ». C’est un Emmanuel Macron particulièrement offensif qui s’est confié ce week-end à la presse régionale, en marge de la Conférence des Nations unies pour l’océan (UNOC) prévue du 9 au 13 juin dans la ville niçoise.
Le chef de l’État a ainsi haussé le ton sur les questions environnementales alors que le combat écologique semble s’essouffler en France, marqué par des reculs tous azimuts sur de nombreuses avancées.
Parmi ces reculades figurent la suppression récente par l’Assemblée nationale des zones à faibles émissions (ZFE) sur fond de tensions politico-sociales, et l’assouplissement de l’objectif de « zéro artificialisation nette » (ZAN) visant à préserver les espaces naturels, là aussi sous la pression parlementaire.
S’y ajoute le renvoi sans débat en commission mixte paritaire de la réintroduction de l’acétamipride, insecticide très controversé et interdit en France depuis 2008, car toxique pour les abeilles.
Un président pris entre feu et flamme politique
Parallèlement, le gouvernement a suspendu pour trois mois le dispositif MaPrimeRénov’, qui accompagne les particuliers dans la rénovation énergétique de leur logement, invoquant des problèmes de fraude touchant 12% des dossiers selon Bercy cité par Le Monde.
« Politiquement, nous sommes dans un moment extrêmement compliqué où certains voudraient faire oublier le combat pour le climat », a confié Macron, visant implicitement certains de ses ministres qu’il accuse de préférer « faire du buzz sur l’invasion du pays et les derniers faits divers ».
Cette critique à peine voilée illustre les tensions internes au sein de l’exécutif, où la tentation populiste semble parfois l’emporter sur les convictions écologiques. L’abandon des ZFE en témoigne : les députés de la majorité ont soutenu cette offensive menée par la droite et l’extrême droite.
Quel crédit accordé à ce coup de gueule ?
« Ce n’est pas le moment de créer des incertitudes. J’attends du gouvernement qu’on maintienne cette politique et je ne veux pas qu’il cède, tout comme le Parlement, aux facilités du moment », met en garde le locataire de l’Élysée.
Une telle mise au point pourrait redonner espoir aux acteurs écologiques, même si le timing de cette sortie, à la veille de l’UNOC, interroge sur les motivations réelles d’Emmanuel Macron.
Car comme le souligne Le Monde, le président a longtemps toléré en silence les reculs qu’il dénonce aujourd’hui. « Je n’ai pas de leçon d’écologie à recevoir », rétorque-t-il cependant.