
L’ONG Bloom prise pour cible
14 juin 2025L’organisation de lutte pour la préservation des océans est depuis plusieurs mois victimes d’attaques tous azimuts, mêlant désinformation, intimidation et vandalisme. À tel point que sa fondatrice Claire Nouvian a dû saisir la justice.
Pour Claire Nouvian interrogée par Libération, cela représente une « nouvelle ligne franchie ». Le mercredi 4 juin, cette militante écologiste, qui a fait du combat contre le pillage des océans son cheval de bataille après une carrière de journaliste et de réalisatrice de documentaires animaliers, découvrait abasourdie la vandalisation de son domicile.
À la peinture noire, la porte de son appartement parisien portait la signature « Extinction Rebellion », du nom de l’association militante pour le climat fondée en 2018 au Royaume-Uni. Sans doute une façon de semer la confusion, car le groupe britannique a depuis nié toute implication dans cet acte qualifié selon Le Monde de « totalement délirant ».
Saisie par Claire Nouvian, la police du XIIe arrondissement de Paris a ouvert une enquête pour « dégradations ». L’objectif : démasquer les auteurs de cet acte de vandalisme qui a ému autant la victime que sa fille, comme le montre une vidéo publiée par l’intéressée sur Instagram. C’est en tout cas l’espoir que nourrit la fondatrice de l’ONG Bloom.
Une multitude d’actions ciblées
« Je pense que l’on voit là, par leurs attaques physiques, leur capacité à nous poursuivre jusque dans nos bureaux et maintenant chez nous, qu’on a affaire à des professionnels organisés en réseaux criminels », réagissait-elle auprès de Libération, après cet acte qui s’ajoute à une longue série d’actions malveillantes visant son organisation ces derniers mois.
Bloom fait en effet l’objet d’une campagne de déstabilisation tous azimuts. L’association a d’abord vu, le 18 mai, un de ses événements artistiques perturbé par des fauteurs de troubles non identifiés à l’Académie du climat. Deux jours plus tard, même scénario lors de l’avant-première du documentaire “L’Omerta” dénonçant la pêche industrielle au cinéma Max Linder.
Parallèlement se déploient des campagnes de désinformation numérique utilisant l’intelligence artificielle et de faux abonnés sur les réseaux sociaux, ainsi que l’envoi de tracts “Dirty Bloom” au Sénat.
Des lobbys de la pêche à l’œuvre ?
Mais pas question pour les membres de Bloom, qui voient derrière ces différents actes la main des lobbys de la pêche industrielle, de se laisser intimider. D’autant que Claire Nouvian est une militante convaincue, peu soucieuse du qu’en-dira-t-on.
« Rien à foutre, personne ne me fera taire, jamais. Je préfère mourir que de me taire », rétorque celle que son ami Charles Braine, écologiste et ancien patron-pêcheur, décrit comme « un moine soldat » dans un portrait que lui a consacré Libération en mars dernier.
« Elle est entière, ne pardonne rien », ajoute-t-il au sujet de la lauréate 2018 du prix Goldman, équivalent du prix Nobel de l’environnement, récompensée pour son plaidoyer victorieux contre la pêche en eaux profondes par chalutage de fond au sein de l’Union européenne.