Nice Grid : maîtriser collectivement les pics de consommation et réduire les émissions de CO2
23 avril 2015Alors que l’heure du premier bilan approche pour le projet Nice Grid après trois années d’expérimentation dans le quartier niçois de Carros, le succès de cette opération semble aujourd’hui incontestable et cela autant par la satisfaction des acteurs concernés que par le développement de projets similaires un peu partout en Europe. Intégrant la technologie photovoltaïque dans l’alimentation électrique des entreprises industrielles et des particuliers, et offrant une plus grande maîtrise des consommations d’énergie aux usagers via l’installation des compteurs Linky, ce programme pilote unique au monde a révélé les dessous d’une gestion intelligente et durable de l’électricité.
Soumise au risque de pénurie d’électricité lors des pics de consommation hivernaux, la commune de Carros au même titre que toute la région des Alpes-Maritimes s’imposait comme le lieu idéal pour l’expérimentation d’une nouvelle gestion de l’électricité misant sur les ressources renouvelables et l’efficacité énergétique. En effet, en proposant des moyens de stocker l’électricité photovoltaïque produite et de gérer la consommation locale grâce à l’effacement diffus et à la création d’heures creuses solaires, le programme Nice Grid a tout de suite convaincu particuliers et entreprises, nombreux dans ce quartier à la fois industriel et résidentiel.
Comme l’explique à La Tribune Jean-Christophe Delvallet, directeur Clients & Territoires ERDF Méditerranée, “nous avons demandé aux familles et aux entreprises testeuses d’adapter leur consommation en fonction de la production, par exemple d’accepter de réduire leur utilisation de chauffage lors des grosses soirées hivernales et de nous laisser déclencher à distance leur chauffe-eau l’été lorsque la production solaire est élevée. Il reste encore une année pleine d’expérimentation puis nous rendrons le livrable, c’est-à-dire un compte-rendu permettant ensuite de généraliser l’expérience”.
Pour cela, plusieurs milliers de compteurs Linky ont été installés progressivement sur la zone depuis 2011. Des panneaux photovoltaïques d’une capacité de production totale de 2,5 MW ont été mis en service sur plus de 200 sites et un système de stockage de l’électricité sous forme de batteries a été mis en place. Réparti en différents points du réseau électrique et chez les utilisateurs volontaires, ce système de stockage composé de batteries lithium-ion capable d’accumuler 1 MW pendant 30 minutes, a permis de gérer cette production d’électricité issue des énergies renouvelables. Le but étant d’expérimenter des situations d’îlotage, c’est-à-dire des périodes transitoires pendant lesquelles le quartier fonctionne en complète autonomie, sans aucun apport d’électricité du réseau extérieur. 300 foyers et près de 11 entreprises se sont portées volontaires pour cette expérimentation.
Des entreprises et des particuliers qui semblent donc s’être parfaitement adaptés à des mesures qui auraient pu paraître de prime abord assez contraignantes pour l’activité économique de la zone industrielle. “Avec 1200 salariés et des installations de production, notre entreprise est consommatrice d’énergie. Or nous sommes dans une région où le risque de pénurie électrique est réel, à cause des sursollicitations. Accepter de diminuer sa consommation peut éviter le black out”, témoigne de son côté Jérôme Patte, directeur HSE et Maintenance de la société Virbac dont l’approvisionnement en électricité a volontairement été réduit sur une partie des installations l’hiver de 18h à 20h.
Depuis janvier dernier, chaque habitant de Carros a également la possibilité de piloter lui-même sa consommation de chauffage et modérer de ce fait l’énergie consommée aux heures de pointe. Devenus de véritables “consomm’acteurs”, ces habitants participent ainsi au même titre que le fournisseur d’électricité à la maîtrise des pics de consommation et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pour rappel, ce projet est mené par un consortium réunissant ERDF (coordonnateur du projet), Alstom Grid, EDF, Saft, Armines, RTE, Daikin, NetSeenergy, Socomec et la PME varoise Watteco. Il est doté d’un budget de 30 millions d’euros dont 11 millions financés par des aides publiques nationales et européennes. Labellisé et financé par le Commissariat Général aux Investissements d’avenir (CGI) à hauteur de 4 millions d’euros avec le soutien de l’ADEME, le projet a également reçu une aide de la Commission Européenne au travers du projet Grid4EU à hauteur de 7 millions d’euros.