Stegra : 41 millions pour relancer l’acier vert suédois ?
27 novembre 2025La société compte sur cette aide publique pour réunir les capitaux indispensables à la finalisation de sa nouvelle unité de production située dans le nord de la Suède.
C’est une bouffée d’air bienvenue. Le 26 novembre dernier, l’État suédois a annoncé avoir accordé, via l’Agence nationale de l’énergie, une subvention de 41 millions de dollars à Stegra, la jeune entreprise suédoise en pointe dans la production d’acier vert à grande échelle.
Ce financement s’accompagne toutefois de conditions rigoureuses. La société devra notamment lever des capitaux additionnels d’ici le printemps prochain pour pouvoir débloquer l’ensemble des fonds nécessaires à la construction de sa future usine à Boden.
Lancé en juillet 2022, ce chantier est appelé à devenir, à terme, la plus vaste unité d’acier « quasi zéro carbone » jamais réalisée à l’échelle industrielle. Il pourrait incarner, selon Le Monde, la réussite la plus emblématique de la transition énergétique dans la sidérurgie européenne.
Mais le projet, en cours d’aménagement sur 270 hectares et censé produire jusqu’à 2,5 millions de tonnes d’acier par an, a récemment souffert des réticences d’investisseurs potentiels, inquiets de sa rentabilité économique.
Une aide limitée, mais un signal fort
L’inquiétude est d’autant plus palpable que Stegra appartient à la holding Vargas, fondée en 2014 par le financier suédois Harald Mix, également cofondateur de Northvolt, ancien fleuron européen des batteries vertes aujourd’hui en faillite.
Pour Stegra, les 41 millions de dollars (soit 390 millions de couronnes) viennent renforcer un dispositif d’appuis publics déjà octroyés aux échelons national et européen. Cette enveloppe reste néanmoins bien en deçà des 1,6 milliard de couronnes initialement demandés dans le cadre d’un plan d’aides d’État.
L’entreprise avait déjà obtenu l’an passé près de 6,5 milliards d’euros sous forme de prêts et de capitaux propres, avant de lancer à l’automne 2025 une nouvelle levée pouvant atteindre 1,1 milliard d’euros pour boucler la totalité du financement.
D’après son directeur général Henrik Henriksson, la firme dispose actuellement d’environ la moitié des ressources requises et espère compléter le reste auprès des banques dans les prochains mois. La décision du gouvernement suédois constitue donc un appui politique à la fois symbolique et stratégique.
Un projet clé pour la réindustrialisation verte
Au‑delà du cas Stegra, ce soutien illustre, selon Reuters, la volonté de la Suède de demeurer à l’avant‑poste de la réindustrialisation verte européenne, en s’appuyant sur une électricité abondante, décarbonée et compétitive.
La sidérurgie représente près de 7 % des émissions mondiales de CO₂, et les technologies mises au point par le groupe suédois visent à réduire drastiquement cette empreinte. Son modèle repose sur des procédés innovants permettant de produire de l’acier sans recourir aux hauts fourneaux traditionnels au charbon.
Ces avancées, prometteuses sur le plan environnemental, exigent toutefois des investissements considérables en infrastructures et en recherche‑développement. Le principal défi de Stegra reste donc de convaincre les investisseurs privés de miser sur son ambition avant qu’il ne soit trop tard.

