La France hisse les voiles de l’éolien offshore
20 octobre 2024Le gouvernement a dévoilé sa feuille de route ambitieuse pour le développement de l’éolien en mer d’ici le milieu du siècle.
La France s’apprête à prendre le large dans la course à l’énergie verte grâce à l’éolien en mer. Attendue depuis peu, la stratégie de déploiement de ce projet a enfin été publiée, vendredi 18 octobre dans le Journal officiel. Un plan ambitieux qui devrait transformer les côtes hexagonales en véritables centrales électriques flottantes.
Les chiffres annoncés à cet effet sont pharaoniques et témoignent des attentes de l’État vis-à-vis de cette source d’énergie. Il s’agit de 18 gigawatts de capacité éolienne à installer d’ici 2035, et de 45 gigawatts à l’horizon 2050.
Soit respectivement l’équivalent de 18 et 45 réacteurs nucléaires. Des côtes de la Manche jusqu’aux rivages ensoleillés de la Méditerranée, en passant par l’Atlantique, pas moins de quatre façades maritimes sont prévues pour accueillir ces géants des mers.
L’objectif à terme est de faire de l’éolien offshore, la première source d’électricité décarbonée de France, capable à elle seule de fournir jusqu’à 20% de la consommation nationale.
Un appel d’offres titanesque
« L’éolien en mer est une pièce maîtresse de notre stratégie énergétique », appuie la ministre déléguée à l’Énergie, Olga Givernet, dans une déclaration reprise par Le Parisien, évoquant le lancement « dans les prochains mois, d’un nouvel appel d’offres » destiné à concrétiser cette ambition.
Baptisé “AO10”, celui-ci sera lancé dès le début de l’année 2025 et devrait viser l’installation de 9,2 GW de capacité supplémentaire, avec une attribution prévue pour l’automne 2026. Cette puissance représente 150% des parcs déjà attribués et six fois celle des parcs actuellement en service.
Derrière ces chiffres, c’est un véritable défi industriel et énergétique qui se profile. Fini le temps où l’Hexagone regardait ses voisins européens pavoiser sur les mers avec leurs forêts d’éoliennes. Et les retombées pour l’économie locale ne sont pas des moindres.
Un projet qui divise
Comme l’indique le Syndicat des énergies renouvelables (SER), le projet devrait générer plus de 20 000 emplois sur le territoire national d’ici 2035, contre seulement 8 300 en ce moment. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) appelle cependant face à la prudence, relevant l’insuffisante prise en compte des impacts écologiques potentiels sur les aires marines protégées.
“Les énergies renouvelables, dont l’éolien en mer, font partie du bouquet de solutions pour notre impérative transition énergétique, mais leur déploiement ne peut se faire à la hâte au détriment de la biodiversité“, avertit le président de l’organisation, d’Allain Bougrain Dubourg, cité par Le Parisien.
C’est dire que l’initiative est loin de faire l’unanimité. Et les craintes à son sujet vont sans doute continuer d’être évoquées au fur et à mesure de son déploiement. Pour l’État, il y a un équilibre à préserver entre production d’énergie propre et protection de la biodiversité marine.