Au Royaume-Uni, la répression des écologistes franchit un cap
1 février 2025Les activistes du climat font face à une machine judiciaire implacable, nourrie par une législation unique par sa sévérité.
Les 29 et 30 janvier dernier ont vu cinq militants de l’ONG de préservation du climat Just Stop Oil faire appel de leur condamnation le 18 juillet 2024, à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans pour avoir participé à la préparation d’une opération coup de poing pour l’environnement.
Ladite préparation se résumait à une réunion Zoom conviée en novembre 2022 par les intéressés dans le cadre du blocage de l’autoroute dite M25, faisant le tour de Londres, afin d’appeler les autorités britanniques à la suspension de toutes les licences pétrolières.
Malgré les arrestations préventives menées par la police, la manifestation a eu lieu. De quoi paralyser le trafic. Quant aux militants appréhendés, ils ont été accusés de « conspiration en vue de causer une nuisance publique ».
Ainsi, Roger Hallam, figure emblématique du mouvement et cofondateur d’Extinction Rebellion, s’est vu infliger une peine de cinq ans de prison ferme. Ses quatre co-accusés – Daniel Shaw, Louise Lancaster, Lucia Whittaker De Abreu et Cressida Gethin, ont chacun écopé de quatre ans d’emprisonnement ferme.
Un arsenal répressif au service d’intérêts privés
Deux lois, dont le Police, Crime, Sentencing and Courts Act et le Public Order Act, symbolisent particulièrement cette tendance en donnant aux policiers le pouvoir d’agir préventivement et d’arrêter des militants même avant leur passage à l’action sous le motif de « blocage sérieux ».
« Le droit de manifester est un principe fondamental de notre démocratie, mais il n’est pas absolu », faisait valoir Rishi Sunak en 2023 pour justifier l’amendement du Public Order. Une initiative que le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer semble cautionner par son silence.
Une résistance qui refuse de plier
“Nous sommes extrêmement déçus par l’attitude du gouvernement Labour, qui comme le gouvernement conservateur précédent, ne remplit pas son devoir de protection des citoyens face au changement climatique“, a déploré Pia Bastide, porte-parole de Just Stop Oil, le 29 janvier en marge de la procédure d’appel des militants condamnés.
Ce durcissement législatif prospère d’autant plus que les actions pro-climat, comme le blocage des rues, semblent de moins en moins populaires aux yeux de l’opinion publique. En témoigne le peu de mobilisation notée devant la Cour royale de justice, avec seulement un millier de personnes rassemblées, d’après Le Monde.
Pour autant, la résistance ne faiblit pas. « On ne peut pas dire qu’on n’a pas peur de se faire arrêter. C’est un risque, il faut apprendre à vivre avec. Mais les techniques d’intimidation des autorités ne sont rien par rapport à notre détermination et à la conviction que nous avons de faire ce qu’il faut », insiste Pia Bastide dans les colonnes du journal français.