ExxonMobil savait tout du dérèglement du climat en 1977
21 mars 2023Des salariés du mastodonte pétrolier tiraient déjà la sonnette d’alarme à partir des années 70 en interne sur les risques de l’usage des énergies fossiles. Néanmoins, la direction a laissé faire. Dès les années 1980, le géant pétrolier ExxonMobil avait entre ses mains des prévisions sur le dérèglement du climat. Et en plus, elles étaient extrêmement précises. Ce sont les propres scientifiques de l’entreprise qui avaient formalisé ces prévisions. Quelques dizaine d’années passées, on peut le dire : elles étaient justes. C’est ce qu’a validé une étude récente sur le sujet.
Des modélisations identiques à celles de 2007
À partir des années 70, le mastodonte ExxonMobil avait connaissance du dérèglement climatique. Les recherches et études effectuées par les experts embauchés par le groupe pétrolier américain, réputé dans le pays pour son groupe Esso, lui ont offert la possibilité de prévoir la catastrophe climatique actuelle. En plus de cela, ces prévisions étaient donc précises, pertinentes et justes. C’est ce que nous dit un écrit apparu dans la revue scientifique généraliste américaine hebdomadaire Science en janvier de cette année. Deux spécialistes de l’histoire des sciences enseignant au célèbre établissement Harvard sont à l’origine de cet article. Il s’agit de Geoffrey Supran et Naomi Oreskes. Le dénommé Stefan Rahmstorf, expert de la modélisation climatique à l’Institut de recherche de Potsdam, basé en Allemagne, a aussi contribué à cet écrit.
Ces trois experts offrent une analyse poussée de la totalité des données qu’avaient le groupe sur l’effet son activité sur la nature. Ainsi, on apprend que de 0,2 degré par décennie avec une marge d’erreur de 0,04 degré, le réchauffement moyen prévu par l’entreprise était presque semblable à celui des modèles scientifiques et gouvernementaux indépendants majeurs apparus entre la période 1970-2007.
Les prévisions du géant américain sont mêmes plus précises que celles de James Edward Hansen. Si vous ne le connaissez pas, sachez qu’il s’agit d’un réputé climatologue ayant travaillé à la Nasa. Il est connu pour être un des premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme par rapport au dérèglement du climat et ses conséquences sur le globe. Son heure de gloire est sans aucun doute son audition sur le changement climatique devant le Congrès américain en 1988. Par la suite, il s’engagea pour des actions dont la finalité était de combattre ce réchauffement.
ExxonMobil pointé du doigt
La société est vivement critiqué depuis ses révélations. En effet, on affirme que cette dernière a pratiqué un discours de façade, un double langage si vous préférez, sur le long terme. Avant l’an 2000, Lee Raymond, qui n’était autre que le PDG du groupe, affirmait ainsi que les prévisions sur le dérèglement du climat s’appuyaient sur des modèles non prouvés ou qui n’étaient que de la simple spéculation.
Un an après, ce même homme affirmait dans une brochure qu’à l’heure actuelle, le groupe avait assez de connaissances par rapport au phénomène du bouleversement climatique. Ainsi, ExxonMobil pouvait effectuer des prédictions pertinentes et/ou pour faire le choix d’actions importantes.
Le double jeu de l’entreprise
Durant les années 2000, les PDG s’étant succédé à la tête du géant américain réfutaient encore le dérèglement climatique. Ils doutaient même des effets de l’activité humaine sur cette montée moyenne des températures. En 2007, le portail web du groupe disait qu’il était extrêmement compliqué de définir jusqu’à quel niveau les derniers bouleversements climatiques pouvaient être causés par des actions humaines.
Au même titre que d’autres sociétés du milieu des énergies fossiles, le mastodonte ExxonMobil est de nos jours ciblé par une multitude de procédures judiciaires. Quelle est l’accusation ? Tromperie et responsabilité pour les dommages climatiques. Comme réaction à ce fameux écrit apparu dans Science, la société a rédigé un argumentaire sur son portail web. Ce dernier affirme que la société pétrolière et gazière américaine ExxonMobil n’a fait que suivre le consensus par rapport au sujet du dérèglement climatique.