DBT reste à l’avant-garde de la transition énergétique

DBT reste à l’avant-garde de la transition énergétique

2 septembre 2023 0 Par La Rédac

Société pionnière dans les bornes de recharge pour véhicules électriques dans l’Hexagone, DBT (Douaisienne de Basse Tension) a été créée en 1990. Alexandre Borgoltz dirige aujourd’hui cette PME familiale ayant pour ambition de se positionner comme un acteur majeur dans la transition énergétique française et européenne. Avec la mise en œuvre d’une politique d’innovation et de développement qui passe par une stratégie de financement originale.

 

La transition énergétique connait un champ d’application pratiquement infini, puisqu’elle concerne toutes les entreprises en tant que consommatrices d’énergies, mais aussi les multiples fournisseurs de solutions nouvelles. Parmi ces dernières, quel est le créneau occupé précisément par DBT ?

À partir de notre première activité de transformateur de courant basse tension, nous sommes devenus spécialistes des solutions de charge pour véhicules électriques. Nous avons intégré ces compétences dès 1992. Notre business principal aujourd’hui, c’est de vendre et installer du matériel de recharge pour véhicules électriques. Nos clients sont surtout les grands groupes de travaux publics et opérateurs comme Bouygues, Vinci, Eiffage ou autres, qui répondent aux appels d’offres de mairies ou collectivités. Nous fournissons donc le matériel et assurons la pose, avec tout le service après-vente, et même une formation pour accompagner nos clients.

 

Justement, dans le secteur des installations de proximité (fibre, compteurs « intelligents »…) la qualité des prestations, entre installation et maintenance, a été régulièrement mise en cause. Est-ce ce qui a motivé la création de votre pôle formation ?

 Nous avons créé une filiale dédiée à la formation, Educare, pour garantir au mieux la maintenance, donc la longévité de nos bornes de recharge ; car il est très important de former nos clients et leurs ingénieurs, au-delà de notre propre formation interne pour maîtriser la qualité de nos prestations. Aujourd’hui, cette filiale s’inscrit véritablement en support de l’activité commerciale et du service après-vente. C’est donc un service supplémentaire que nous proposons à nos partenaires ou futurs partenaires, et c’est un moyen efficace de développer le réseau commercial.

 

Les politiques publiques comme l’engouement des consommateurs semblent très porteurs pour votre activité. Comment cela se traduit-il pour DBT ?

Le contexte réglementaire joue en notre faveur, avec l’obligation d’installer des bornes de recharge pour voitures électriques tous les 60 kilomètres sur les autoroutes de l’UE d’ici 2026. Notre croissance repose pour beaucoup sur notre filiale R3, lancée en 2021, et spécialisée dans la création et la gestion de stations-services de recharge électrique haute puissance sur les parkings de la grande distribution. Nous avons signé notre premier gros contrat avec Norauto, pour la gestion d’une quarantaine de sites. Concrètement, nous prenons une concession de douze ans sur quatre places de parking, et on s’occupe de tout, à commencer par la création d’un nouveau point de livraison Enedis afin d’assurer l’approvisionnement en électricité. Nous offrons ensuite une prestation globale pour financer, installer, exploiter ces bornes, qui ont en plus l’avantage d’être des bornes de recharge ultrarapide.

 

« Le tort d’avoir eu raison trop tôt »

 

Le secteur est donc en pleine croissance, ce qui doit booster vos résultats. Qu’en est-il ?

En termes de résultats, nous payons le fait d’être pionniers sur ce marché, d’avoir eu raison trop tôt pour développer la technologie, former le personnel et le conserver, consolider le fonds de roulement. Nous avons développé toute une nouvelle gamme de produits, internalisé des compétences, étoffé l’équipe commerciale et intégré le bureau d’études pour maîtriser notre technologie, avec notamment un département de recherche et développement qui mobilise 15% de nos équipes, sur un effectif total de 102 salariés. Et bien sûr, des investissements importants pour le lancement de la filiale R3. D’où un résultat net en déficit de 5,9 M€ en 2022. Mais la très forte croissance du chiffre d’affaires se confirme : + 128 % l’an dernier, en passant de 4,4 M€ à plus de 9,8 M€. Et nous prévoyons 50 M€ de CA en 2025.


Vous décrivez un segment de marché gourmand en capitaux, avec des retours sur investissement dépendant des frictions de toute activité industrielle. Quelles sont vos solutions en termes de financement ?

Nous nous tournons vers des partenaires financiers qui comprennent notre stratégie d’entreprise ! Après une levée de fonds classique de 24 M€ en 2011, nous avons augmenté également le capital lors de notre entrée en bourse, en 2015. Entre temps, nous avons participé au lancement de la LEAF de Nissan, avec un contrat de licence qui a fait exploser le carnet de commandes, mais en même temps les besoins de financement, liée à l’approche intégrée que j’ai décrite. Et sur un marché qui n’était pas encore assez mûr, nous nous sommes retrouvés financièrement à sec au tournant des années 2020. Or, quand vous êtes une PME qui traverse trois ans « dans le rouge », il n’y a plus aucune banque pour vous soutenir. Nous avons donc été conduits à chercher des financements alternatifs. Et c’est ainsi que nous avons eu recours aux OCA, les Obligations Convertibles en Action, réservées aux sociétés cotées en bourse. En février 2020, nous avons signé un premier accord de financement avec ABO, Alpha Blue Ocean. Cela nous a permis d’honorer le carnet de commandes en cours et de « rebooster » toute l’activité. Je peux dire que ce partenariat financier nous a sauvé. Et c’est grâce à ce financement que nous pouvons afficher aujourd’hui de grandes ambitions.

 

Une relation de confiance avec le partenaire financier

 

Les OCA sont un produit spécifique qui nécessite des compétences particulières et une relation de confiance étroite avec le partenaire, quels ont été vos critères de sélection ?

Nous avons sélectionné ABO après un examen attentif du marché. D’autant que le secteur des OCA n’a pas très bonne presse, notamment parce que certains de ces acteurs profitent de la situation en renversant les conseils d’administration pour s’approprier les entreprises lorsque l’activité redevient rentable. À la différence de ces investisseurs, ABO ne fait pas d’ingérence. Notre partenaire financier s’intéresse évidemment aux bilans comptables, puisque nous sommes dans une véritable logique de partage des risques, mais il ne s’implique pas dans le pilotage au quotidien de l’entreprise. Par ailleurs, le processus de levée de fonds a été très rapide et flexible avec ABO, puisqu’il a suffi d’à peine plus d’un mois pour débloquer la situation.

 

Vous avez mentionné les difficultés qu’une entreprise comme la vôtre rencontre pour se financer. À quoi les attribuez-vous ?

 Il y a de nombreux dispositifs pour gagner en productivité, stimuler l’innovation et progresser en recherche et développement, en France comme en Europe. En revanche, les entreprises françaises sont peu soutenues commercialement. Et je ne parle pas seulement par rapport aux Etats-Unis, où 75 % de la valeur doit être produite dans le pays ; l’Allemagne a mis en place des mécanismes qui aboutissent à peu près au même résultat, et l’Espagne propose des bonus d’exportation qui rendent ses entreprises beaucoup plus compétitives à l’international. Sans parler des sociétés turques ou chinoises, qui vendent à 30 ou 40 % en dessous de nos coûts de revient. Nous avons donc les bons outils pour nous développer en France, mais à trop vouloir être les « meilleurs élèves » de la classe niveau européen, cela pénalise commercialement les entreprises du secteur.

 

En dépit de ce handicap français, et compte tenu du dynamisme du secteur que vous avez évoqué, comment voyez-vous les prochains mois et quelles sont vos perspectives de croissance ?

L’avenir s’annonce bien. Nous atteindrons notre objectif de chiffre d’affaires supérieur à 15 M€ en 2023, grâce notamment à une nouvelle gamme de bornes électriques avec des technologies innovantes et des gains de productivité substantiels. Cela nous permettra d’attirer de nouveaux clients au-delà d’un carnet de commandes bien rempli. Nous misons aussi cette année sur la montée en puissance des hubs R3 installés, avec l’ambition de gérer 100 nouveaux sites correspondant à plus de 400 points de charge. Et maintenant que nous avons résolu nos problèmes de financement, nous sommes aussi favorablement positionnés face à une éventuelle concurrence qui voudrait profiter d’un effet d’aubaine du marché. Car nous sommes les mieux placés pour assurer les garanties essentielles de service après-vente et de maintenance, avec un message clair pour nos partenaires : « Nous étions là il y a trente ans, et nous serons encore là dans trente ans pour vous accompagner ». Pas seulement en France d’ailleurs, puisque nous avons aussi l’ambition de réaliser 30 % de notre activité à l’exportation au cours des prochaines années, principalement en Europe.