Réchauffement : un rapprochement trop rapide vers les points de non-retour inquiète les experts

Réchauffement : un rapprochement trop rapide vers les points de non-retour inquiète les experts

21 septembre 2023 0 Par Guillaume

Les experts en climatologie émettent un avertissement de plus en plus inquiétant : la réalisation de l’objectif à long terme visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C devient de plus en plus complexe. Même s’il y a des records de températures enregistrés sur terre et en mer au cours des derniers mois, les pays rencontrent des difficultés à adopter des objectifs plus ambitieux.

Les dangers liés à une approche rapide des seuils de non-retour suscitent autant d’inquiétude que les conséquences de leur dépassement. Selon des chercheurs de l’University College Cork en Irlande, la rapidité avec laquelle notre climat évolue pourrait avoir une importance aussi cruciale que l’amplitude du réchauffement climatique à venir.

Les seuils de basculement et leurs vitesses

Il revêt une importance cruciale de ne pas seulement porter notre attention sur l’atteinte des seuils de basculement, mais aussi sur la rapidité avec laquelle nous nous en approchons. C’est le conseil émis à l’heure actuelle par des chercheurs.

Ces seuils de basculement, fréquemment désignés sous l’appellation de points de non-retour, vous en avez probablement déjà eu vent. Ce sont des points au-delà desquels des modifications brusques et irréversibles pourraient se produire dans le climat mondial. Parmi eux sont inclus l’affaiblissement du Gulf Stream, la déforestation de l’Amazonie et la fonte des calottes glaciaires. Il semble que ces points de basculement aient tendance à se rapprocher plus rapidement que ce qui avait été anticipé par les spécialistes. Les chercheurs de l’University College Cork en Irlande pourraient avoir découvert une explication à cette dynamique.

Cerner la dynamique des points de basculement

Les modèles mathématiques qu’ils ont conçus mettent en évidence un aspect jusqu’ici sous-estimé qui revêt en réalité une importance vitale : la rapidité avec laquelle nous approchons les seuils de basculement terrestres. À mesure que cette rapidité s’intensifie, les risques augmentent de manière significative, de sorte que des transformations irréversibles pourraient se produire avant même d’atteindre ces points critiques.

Cette dynamique est d’autant plus significative étant donné que les mathématiciens indiquent observer ce phénomène non seulement au sein du système climatique, mais aussi au sein des écosystèmes et même au sein des systèmes créés par l’humanité. Ils illustrent leur point de vue en se référant à l’épisode quasi-blackout survenu lors de la demi-finale de la Coupe du monde de football entre l’Angleterre et l’Allemagne en 1990. Dans un communiqué, Hassan Alkhayuon, coauteur principal de l’étude, explique : “Les opérateurs du réseau s’attendaient à une augmentation de la demande d’électricité et étaient préparés à y faire face. Cependant, ils n’avaient pas anticipé la possibilité que le match se prolonge en prolongations et même jusqu’aux tirs au but. À ce moment précis, l’équivalent d’un million de bouilloires ont été mises en marche simultanément. La demande a explosé et le réseau a frôlé un blackout. Non pas en raison d’une capacité insuffisante, mais parce qu’il n’était pas préparé à cette forte hausse.”

La vitesse d’accélération du réchauffement climatique compte autant que son pic : Les chercheurs espèrent que leurs travaux contribueront à sensibiliser davantage sur le fait que le pic de réchauffement climatique que nous atteindrons ne devrait pas être le seul élément à retenir. Il est tout aussi crucial de se concentrer sur le contrôle de la vitesse à laquelle nous parviendrons à ce pic.

Et après le point de non-retour ?

Envisagez une réalité où la température moyenne s’élèverait de 4 degrés au-dessus des valeurs enregistrées durant la période préindustrielle. Dans cet univers, les jours de canicules les plus extrêmes, semblables à ceux que nous avons vécus récemment, ne constitueraient que des journées ordinaires d’été, avec des températures atteignant voire dépassant les 50 degrés à l’ombre dans certaines régions du monde.

Ce serait un monde caractérisé par des épisodes de sécheresse, des nappes phréatiques à faible niveau, des réservoirs de grande envergure asséchés et des sources naturelles à débit très réduit, au point où même les entreprises d’embouteillage accréditées seraient contraintes de les abandonner.