Le plastique de demain sera remodelable et biodégradable affirment les experts

Le plastique de demain sera remodelable et biodégradable affirment les experts

12 octobre 2023 0 Par Guillaume

Les scientifiques assurent que le plastique à venir sera flexible pour le modelage et aura la particularité d’être dégradable. Cette percée en direction d’un plastique biodégradable pourrait jouer un rôle dans l’accomplissement de l’objectif du G7 visant à éliminer totalement les rejets de plastique dans l’écosystème d’ici 2040. Dans la bataille contre la pollution occasionnée par le plastique, une équipe de chercheurs allemands a mis au point un type de matériau plastique baptisé « plastique minéral », qui peut être remodelé et se dégrader naturellement. Encore plus surprenant : les coquilles dures d’insectes – une ressource abondante encore inutilisée – pouvant être utilisées pour fabriquer un genre de matériau écologique se dégradant rapidement dans la nature.

Adieu la pollution plastique !

Un collectif de scientifiques rattaché à l’Université de Konstanz, située dans le sud-ouest de l’Allemagne, s’est lancé dans le défi ambitieux de concevoir un plastique entièrement dégradable d’une nouvelle génération.

Dès l’année 2016, cette équipe a introduit le concept de « plastique minéral », qui se distingue par une résistance surpassant celle des plastiques actuellement en circulation. Ce matériau a été formulé pour être non inflammable, dépourvu de solvants toxiques et exigeant une faible consommation énergétique lors de sa fabrication. Parmi ses caractéristiques notables, on compte la possibilité d’être synthétisé dans de l’eau à température ambiante et sa malléabilité accrue lorsqu’il est immergé dans l’eau.

Toutefois, une lacune majeure de cette première version du plastique minéral résulte de l’utilisation de polyacrylate, un acide dérivé du pétrole partageant une structure similaire avec le polyéthylène, reconnu pour ses implications environnementales dues à sa faible biodégradabilité. Helmut Cölfen, le chimiste responsable de cette étude, a évoqué cette problématique.

Un plastique « totalement biodégradable » ?

Enfin, après des efforts soutenus, l’équipe de recherche a couronné ses travaux en dévoilant une solution novatrice : l’acide polyglutamique, une substance extraite des graines de soja, qui se distingue par son innocuité pour l’homme et sa capacité à être produite de manière respectueuse de l’environnement à grande échelle. Helmut Cölfen affirme : « Tout en conservant les propriétés fondamentales de son prédécesseur, notre nouveau polymère minéral se démarque par sa capacité à être fabriqué à l’aide de micro-organismes et à se dégrader complètement, offrant ainsi un avantage crucial. »

Par la suite, cette version innovante du polymère minéral a été soumise à des analyses approfondies par le département de biologie de l’Université de Konstanz. David Schleheck et son collègue Harry Lerner ont collaboré pour explorer la décomposition du polymère à l’aide de micro-organismes. Leurs recherches ont mis en évidence la remarquable aptitude des micro-organismes présents dans les sols forestiers à dégrader intégralement le polymère en seulement trente-deux jours. Cette découverte ravive l’espoir de contrer la marée de la pollution plastique, responsable de l’émission de 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, représentant 3,4 % des émissions mondiales. Selon les projections de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), ce chiffre pourrait plus que doubler d’ici 2060 si des actions tangibles ne sont pas mises en œuvre.

Une quantité de plastique moindre dans les océans ?

Selon des experts, chaque année, environ 470 à 540 milliers de tonnes de plastique se déchargent dans les océans, un volume déjà notable mais considérablement moins élevé que les évaluations antérieures qui suggéraient de 4 à 12 millions de tonnes annuelles.

Cependant, derrière cette perspective encourageante, se profile une réalité mondiale encore plus troublante. D’après une étude publiée dans la revue Nature Geoscience ce lundi, les quantités de plastique rejetées dans les océans seraient effectivement moins importantes qu’auparavant estimé, mais les débris persistent beaucoup plus longtemps.

“Ce qui me frappe, c’est la persistance de cette pollution océanique. Ce type de plastique, en fin de compte, demeure à la surface des eaux marines et s’accumule. En réalité, il ne se désintègre pas, ne sombre pas et ne se transforme pas rapidement en microplastiques, ce qui conduit à une accumulation substantielle de déchets en mer”, explique Romain Troublé, directeur général de Tara Océan et l’un des coauteurs de l’étude, lors d’une entrevue avec BFMTV.

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs, principalement basés aux Pays-Bas et en Allemagne, ont employé des modèles informatiques basés sur une multitude de données issues d’observations tant côtières que marines en surface et en profondeur, dans le but d’établir une estimation précise du problème.

Leurs investigations ont révélé que bien moins de plastique atteint les océans que ne le laissaient entendre les estimations antérieures, cependant la présence de débris flottants reste bien plus significative. Ils ont ainsi calculé qu’environ 470 à 540 milliers de tonnes de plastique aboutissent annuellement dans les océans, un chiffre qui peut sembler important mais qui reste nettement en-deçà des 4 à 12 millions de tonnes avancées précédemment.