La transition écologie viticole face à la réalité économique

La transition écologie viticole face à la réalité économique

11 mai 2020 0 Par Laïla Clerc

Comme de nombreux secteurs liés aux exportations, la filière viticole française est soumise au contexte tendu dans lequel évolue l’économie mondiale en ce début d’année. Ici, les incertitudes économiques liées à l’épidémie de coronavirus plombent le secteur viticole national qui devrait faire face à de nombreuses difficultés pour l’année à venir. Une nouvelle qui n’est pas sans conséquence pour une filière qui devait engager une transition écologique coûteuse et risquée…

La santé économique prime sur l’aspect écologique

Selon les dernières nouvelles en provenance des professionnels du milieu de la viticulture, il y a très peu de chances pour que les exploitants de vignes soient en mesure d’honorer les engagements pris en faveur d’une transition environnementale. En effet, les taxes américaines sur les bouteilles de vin produites en France et l’arrivée du coronavirus dans l’échiquier de la viticulture devraient impacter profondément les perspectives économiques de la filière viticole hexagonale. À ce sujet, Jean-Marie Barillère, le président du comité national des interprofessions des vins à appellations et indications géographiques (CNIV), a déclaré que l’économie allait “souffrir dans nos campagnes, et les entreprises viticoles ne pourront pas investir dans la transition environnementale, qui doit pourtant se faire“.

En effet, pour permettre aux viticulteurs français de s’engager dans une transition économique viable et durable, il leur faut investir énormément d’argent et de moyens. En effet, pour suivre les directives écologiques, les producteurs doivent replanter des vignes plus résistantes aux maladies, acheter du matériel de désherbage électrique ou encore s’équiper de pulvérisateurs “anti-dérive” qui limitent la propagation des pesticides sur les terrains avoisinants. Or, la taxe de 25 % mise en place par la Maison Blanche sur les vins français est une très mauvaise nouvelle, puisque les États-Unis représentent le pays où la France exporte le plus de vin… De plus, face à la progression de l’épidémie outre atlantique, les perspectives ne sont pas bonnes et les échanges devraient être encore revus à la baisse.

La taxe et l’épidémie risquent donc de peser lourdement sur les producteurs qui ne pourront prendre le risque de s’engager dans une transition écologique à risque. Jean-Marie Barillère précise à ce sujet que “la transition environnementale se fera à vitesse réduite, car on ne peut pas envoyer toute une économie dans le mur“. Une déclaration soutenue par le Président de la République, Emmanuel Macron, qui explique que les agriculteurs ne sortiront pas de leurs méthodes de productions actuelles tant qu’une solution de remplacement ne sera trouvée. Il a poursuivi en précisant qu’aucun contrôle punitif ne serait effectué dans les années à venir et les contrôles seraient uniquement à visée “pédagogique“. Une décision saluée par M. Barillère qui attend tout de même une confirmation écrite et juridiquement valable afin d’assurer la protection des producteurs…